
Un rock qui survit, mute et se renouvelle
Styles et tendances
On l'a vu, les premières années du XXIe siècle voient renaître les tendances new-wave et post-punk laissées de côté depuis une décennie. Il reste cependant difficile -et ce d'autant plus qu'en 2025, date de rédaction de cet article, on n'a sans doute pas encore le recul nécessaire- de distinguer des mouvements musicaux alternatifs prépondérants. Depuis une quinzaine d'années, tous les styles se côtoient sans trop de difficultés, même si l'on peut noter un net regain de groupes shoegaze venus d'un peu partout qui ont réussi à créer un style à part, une sorte de niche avec ses fans qui ne se mêlent pas trop aux autres. Plus mainstream le revival post-punk anglais né vers 2015 est encore très présent dix ans plus tard. Ce post-punk 2.0 qui mêle punk et post-punk a pour particularité son énergie débordante et un chant très monocorde : IDLES, Shame, LIFE, Yard Act, Courting, Sports Team et pas loin d'eux ceux qui sont plus "new-wave" que "post-punk" comme Fontaines D.C., The Murder Capital, Je T'aime. Les grands noms de ces dernières années se nomment Amyl & The Sniffers, Sleaford Mods ou Viagra Boys, tous avec un pied dans le punk et le post-punk. Les variantes sont nombreuses, les groupes originaux et on ne s'enferme plus trop dans un style, qu'il soit post-punk, garage, hardcore, noise, psychédélique, industriel : tout le monde se côtoie, se mélange, et cela permet de faire naître des choses nouvelles et passionnantes comme Squid, Black Country, New Road ou Black Midi, qui ajoutent carrément une touche de jazz à leur post-punk expérimental. Enfin, on notera un retour en force des groupes ouvertement féministes ou ou dirigés par des filles, et queer, souvent très énervés. Enfin, les années 2015/2025 auront prouvé que le talent n'est pas le privilège de la jeunesse, tant on trouve pléthore de "vieux" groupes en pleine forme qui se reforment 20, 30 ou 40 plus tard pour des albums somptueux... il suffit d'ailleurs de regarder les affiches des grands festivals pour voir qu'ils sont toujours là, et en lettres majuscules ! (même si l'on peut légitimement se demander si c'est un bon signe).
Un monde qui a changé
Depuis le début des années 2000 Internet est bien installé dans le paysage et le monde du rock, bien mal en point depuis l'avènement du rap, touche un public plus limité. Les réseaux sociaux arrivent, et l'un des tout premiers est justement parfaitement adapté au monde de la musique. Il s'appelle Myspace et il vit son heure de gloire entre 2005 et 2010, avant d'être détrôné par Facebook, qui fait la même chose sans se limiter à la musique et en touchant monsieur Tout le Monde. Suivent Instagram, Twitter devenu X sur lesquels tous les groupes sont inscrits et diffusent leurs vidéos, leurs news, leurs produits dérivés, fédèrent les fans, sans que les maisons de disque aient leur mot à dire, ou presque. Pour de nombreux groupes débutants, c'est une situation inédite et salvatrice, qui leur permet de se faire connaître sans avoir à attendre une signature de label qui pourra leur faire de la publicité. Le revers de la médaille, c'est que la concurrence est rude, chacun voulant sa part du gâteau. Question musique et musique seule, la naissance de Bandcamp rassure, son principe d'indépendance permettant de faire face aux mastodontes de la culture rock prémâchée.
En résumé, depuis les années 2010 Internet met à disposition de tous, très simplement, toute la musique produite depuis des décennies, qu'il s'agisse de nouveautés ou de fonds de catalogue, et dans tous les pays du monde !
La culture rock, c'est logique, a elle aussi évolué comme on l'évoquait plus haut : on n'écoute plus un seul genre de musique sorti à une seule époque (surtout par volonté de sortir du lot et de marquer sa différence comme cela a quasiment toujours été le cas), et la génération âgée de vingt ans façonne ses goûts sans s'enfermer dans des chapelles comme on avait pu le faire jusque dans les années 90 (un gothique se devait par exemple de détester le hard-rock, tout comme un fan de dance-music se devait d'haïr les gothiques).
Le geste de l'achat d'un magazine de rock n'est plus vraiment nécessaire pour découvrir un groupe ou se forger une opinion puisque l'on dispose rapidement et simplement de tout ce qui est produit et, surtout, partagé à grande échelle. Depuis les années 2000, de toutes façons, les magazines rock sont devenus des machines à vendre les derniers produits commerciaux, et les rares possédant un esprit indépendant, qui existent pour défendre un certain rock, ont du mal à résister dans un monde où le magazine papier, quel que soit son sujet par ailleurs, n'intéresse plus personne.
La culture rock, c'est logique, a elle aussi évolué comme on l'évoquait plus haut : on n'écoute plus un seul genre de musique sorti à une seule époque (surtout par volonté de sortir du lot et de marquer sa différence comme cela a quasiment toujours été le cas), et la génération âgée de vingt ans façonne ses goûts sans s'enfermer dans des chapelles comme on avait pu le faire jusque dans les années 90 (un gothique se devait par exemple de détester le hard-rock, tout comme un fan de dance-music se devait d'haïr les gothiques).
Le geste de l'achat d'un magazine de rock n'est plus vraiment nécessaire pour découvrir un groupe ou se forger une opinion puisque l'on dispose rapidement et simplement de tout ce qui est produit et, surtout, partagé à grande échelle. Depuis les années 2000, de toutes façons, les magazines rock sont devenus des machines à vendre les derniers produits commerciaux, et les rares possédant un esprit indépendant, qui existent pour défendre un certain rock, ont du mal à résister dans un monde où le magazine papier, quel que soit son sujet par ailleurs, n'intéresse plus personne.
Même la façon d'écouter de la musique change : très vite, l'écoute d'albums entiers (on ne bénéficie déjà plus des concepts de face A ou de face B depuis longtemps) périclite au profit d'écoute de morceaux piochés sur YouTube ou de playlists aléatoires suggérées selon ses goûts.
Quant à l'objet disque lui-même, que ce soit la pochette cartonnée du vinyle ou le boitier plastique avec un livret plus ou moins soigné, il a du plomb dans l'aile. On peut désormais acheter des albums 100% numériques en les téléchargeant, ou les écouter via un abonnement mensuel sur des plateformes de streaming qui affolent les puristes du fait de la médiocre qualité sonore proposée...
Aujourd'hui, le disque vinyle ou même le CD sont quasiment devenus des objets réservés aux collectionneurs, qui les achètent non pas pour la musique qu'ils contiennent car ils l'ont déjà, mais pour la jolie pochette en carton de grande taille du vinyle ou le superbe livret illustré du CD. Le monde de la k-pop va si loin dans le concept (commercial évidemment) qu'il a inventé pour un seul album le booklet de 300 pages + les photos dédicacées + le poster + les autocollants ; le tout dans des formats hors-normes, véritables œuvres d'art... le tout décliné en plusieurs exemplaires pour un seul et même album !
Quant au critique rock, comme votre serviteur, il se pose légitimement la question depuis plusieurs années : sert-il encore à quelque chose quand chacun peut se forger son opinion en quelques clics en fouillant soi-même le web ? Mais tout cela est une autre histoire !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ce blog est modéré (pour éviter les spams), mais n'hésitez pas à commenter !